Bolsonaro élu au Brésil, détresse de la communauté LGBT

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Le candidat Jair Bolsonaro a remporté récemment la présidentielle au Brésil. Avec 10 points de plus que son score du premier tour, soit 56 % des voix contre 44 % pour son rival, Fernando Haddad, candidat du Parti des travailleurs (PT), il est élu à la présidence. Pourtant candidat d’une extrême droite particulièrement violente, Bolsonaro est souvent taxé de raciste, misogyne et homophobe, avec un sadisme purement décomplexé. Le futur chef d’État entrera en fonction en janvier prochain, il a vraiment de quoi inquiéter la communauté LGBT.

« Je serais incapable d’aimer un fils homosexuel » !

Bien avant même sa candidature, Bolsonaro est une figure bien connue. De puissantes églises évangéliques l’ont soutenu, voyant en lui le grand catholique défenseur de la famille traditionnelle. Pendant toute sa campagne, il voulait adopter une posture moraliste, afin de gagner les voix des évangélistes, à l’influence croissante dans le pays. Son arme favorite : jouer sur l’hostilité aux LGBT.
Mais ses déclarations outrancières à multiples reprises ont indigné une majeure partie des hommes de couleur, des femmes et surtout la communauté LGBT. Pendant des années, il a multiplié ses propos contre les LGBT. « Si je vois deux hommes s’embrasser dans la rue, je les frapperai », se confiait-il dans un quotidien local en 2002. En 2010 au cours d’un débat télévisé, il se dit favorable à des « punitions physiques » comme « cure » pour les homosexuels. En 2011 interviewé par le magazine américain Playboy, il déclarait : « Je serais incapable d’aimer un fils homosexuel », et enchainait « Je ne vais pas faire dans l’hypocrisie. Je préférerais que mon fils meure dans un accident plutôt que de le voir avec un moustachu. »

Des discours violents venant d’un candidat d’un parti qui prône une politique violente

Bolsonaro est tristement célèbre pour ses discours ultra-violents, bien à l’image de l’incitation à une politique violente, particularité de l’extrême droite brésilienne. Pendant les propagandes électorales, Bolsonaro n’a même pas hésité à inciter ses militants à mitrailler les opposants du Parti Travailliste (PT) ! Et que dire de l’acte récemment fait par l’un des candidats de son parti, élu député ? Il s’est pris en photo après avoir détruit une plaque d’hommage à Marielle Franco, conseillère municipale de Rio et avocate des LGBT et des Noirs, assassinée début mars. Par ailleurs, il faut noter que durant sa campagne, Bolsonaro a même lancé une stratégie de fake news contre son candidat rival accusant comme quoi ce dernier voulait distribuer des « kits gays » dans les écoles. Si la corruption était le principal motif des électeurs pour sanctionner le Parti Travailliste, est-ce qu’un président qui pourrait mettre en œuvre un vrai démantèlement de la démocratie et de la liberté d’expression sous toutes ses formes, un président explicitement homophobe, en vaut-il la peine ?

Au Brésil, l’homophobie et la transphobie tuent près d’un mort par jour

Quelques semaines avant le second tour, Bolsonaro avait pourtant rectifié le tir, et a laissé entendre que les homosexuels auront bien le droit de vivre dans son projet pour le Brésil. Pourtant, il ne se prive pas de crier à voix haute son mépris à l’encontre de tous ceux qu’il juge différents, du moins ce que montrent certaines vidéos. Espérait-il amadouer et conquérir quelques voix supplémentaires venant de la communauté LGBT ? Dans un pays où plus de 450 homicides contre cette communauté ont été recensés par le Grupo Gay da Bahia et rien qu’en 2017, toutes les paroles homophobes du président ne pouvaient que légitimer en quelque sorte ces crimes. Il faut noter que le Grupo Gay da Bahia est la plus ancienne association brésilienne de défense des minorités sexuelles. Si le Brésil est le second pays d’Amérique latine à avoir légalisé le mariage entre personnes de même sexe, il est pourtant en tête de liste des pays qui affichent les plus hauts taux de crime à caractère LGBTphobe.

L’inquiétude sur ce que va devenir le Brésil dans les prochains mois et les prochaines années taraudent surtout la communauté gay. Les différents propos homophobes de Bolsonaro pourraient en effet inciter des individus, certes isolés, mais présents un peu partout, à passer aux actes. Ce qui inquiétait lorsque Bolsonaro n’était pas encore élu, c’était qu’il tenait des discours racistes et homophobes sans être réprimé. Et maintenant qu’il accède à la présidence, va-t-il s’asseoir sur les libertés et les droits humains ? Or, rien que depuis le succès au premier tour de la présidentielle du candidat d’extrême droite, plusieurs associations LGBT du Brésil dénoncent une recrudescence des agressions. Et lorsque le triomphe de Bolsonaro a été annoncé, les intimidations homophobes se déchainaient. Plusieurs murs ont été tagués « A mort les ‘gouines’ et les ‘pédés’ » à Rio de Janeiro. À Sao Paolo, des groupes d’hommes descendaient dans les rues, criant fort la victoire de leur candidat, tout en répétant avec haine : « Nous allons vous soigner maintenant les homos ! ». Un coiffeur homosexuel a même été frappé à mort à Curitiba… Plus que la crainte d’une généralisation des agressions physiques à leur égard, la communauté LGBT redoute une véritable « violence institutionnelle », car l’homophobie d’État est donc au pouvoir…

Les sentiments d’inquiétude ne se limitent pas aux LGBT

Il faut dire également que le sentiment de peur ne touche pas seulement la communauté LGBT, les discours de Bolsonaro ont aussi fragilisé les Noirs et les peuples indigènes du Brésil. Les diverses intimidations à leur encontre leur ont suscité une angoisse croissante. Pour rappel, le président de la Cour Suprême Dias Toffoli a fait un appel au respect de la Constitution au futur président, le jour du second tour des élections, notamment sur les objectifs fondamentaux de la République fédérative du Brésil cités dans l’article 3. Dans sa déclaration, il a insisté sur le fait que « promouvoir le bien de tous, sans préjugés d’origine, de race, de sexe, de couleur, d’âge ou toute autre forme de discrimination » fait partie du premier devoir du futur président. Jair Bolsonaro a promis de défendre « la Constitution, la démocratie, la liberté », tiendra-t-il au moins parole…

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